Le franchissement de la Meuse, les 13-14 mai 1940

 

 

Le 9 mai au soir, les QG Belges et Français reçoivent des informations signalant des mouvements de troupe inhabituels sur la frontière allemande. Le 10 mai, dans la nuit, divers points stratégiques sont bombardés par la Luftwaffe. Les informations affluent. A 1 heure du matin, le GQG, basé à Vincennes (à l’est de Paris) est avertit. Mais les Alliés ne peuvent rien faire avant que la Belgique ne demande leur aide. A 5h45, les Services de Renseignements avertissent Gamelin que les Allemands vont franchir la frontière luxembourgeoise, et des reconnaissances aériennes indiquent aussi leur entrée en Belgique. Enfin, à 7 heures, la Belgique demande officiellement l’aide, et les unités misent en alerte portent aux frontières pour entrer en Belgique.

 

Les Alliés obéissent au plan Dyle-Breda : les unités motorisées doivent monter au plus loin en Belgique pour supporter le retrait des unités Belges sur leur ligne de défense, établies sur la ligne Anvers-Namur-Givet. La masse des divisions d’infanterie doivent les suivre, pour pouvoir arriver sur cette ligne, lorsque les unités motorisées (Divisions Légères de Cavalerie et Divisions Légères Blindées) auront remplies leur tâche. Plus au Nord, l’armée sous les ordres du général Giraud aura pour mission de supporter les débris de l’armée hollandaise, et de couvrir Anvers au Nord, avec ses unités motorisées, et ses DI seront convoyées par la Marine Nationale à partir du port de Dunkerque, jusqu’en Zélande. Cette opération sera nommée opération Flessingue. Ce plan Dyle-Breda fonctionnera parfaitement jusqu’au 15 mai, data à laquelle la percée Allemande fera peser une trop forte menace sur les arrières des troupes Alliées. Les Belges, ayant eux préparé leur défense de longue date, doivent tout d’abord tenir quelques jours sur le canal Albert, pour ensuite  se replier, avec l’appuis des Alliés sur leurs lignes fortifiées au cœur du pays. La défense du Sud-Est du pays (Ardennes) n’est assuré que par une division de Chasseurs Ardennais. Les Belges vont faire jouer (et avec succès) des destructions, afin de ralentir les colonnes allemandes.

 

Les Allemands suivent eux, le plan Von Manstein. L’opération peut se décomposer en trois partie ; En Hollande, une opération aéroportée conjuguée avec une attaque frontale contre les faibles forces néerlandaises doit permettre de s’assurer le contrôle des côtes Néerlandaises et permettre d’attaquer le dispositif Allié par le Nord. En Belgique, il importe de s’assurer le contrôle du canal Albert –première ligne de défense belge- avant que ses ponts ne sautent, car ce canal est infranchissable autrement. De petites actions aéroportées seront donc menées pour s’emparer des défenses belges sur le canal, comme à Eben-Emaël. Le canal franchis, les Allemands devront se porter le plus loin possible, avant de rencontrer les troupes Alliées. Ces troupes vont jouer le rôle de leurre : pendant que les Alliés vont faire porter leur effort principal en Belgique centrale et du Nord, le groupement blindé Von kleist, concentrant la plus grande force de blindés doit franchir le Luxembourg, puis les Ardennes belges, pour enfin arriver sur la Meuse, secteur faible du dispositif Allié. Après avoir franchis la Meuse, ce groupement doit s’enfoncer en arrière des lignes Alliées, pour atteindre la Manche, et encercler le gros de troupes Alliées, entrées en Belgique.

 

Nous nous intéresserons ici plus particulièrement au franchissement de la Meuse, par le groupement Von kleist.

 

Le 10 mai, le groupement Allemand entre au Luxembourg, qu’il traverse dans la journée, sans encombres, le Luxembourg n’entretenant qu’une armée symbolique. Cependant, la 3° DLC et la 1° Brigade de Spahis, appartenant à la 3° Armée française entrent eux aussi au Sud du Luxembourg le 10 mai, et font peser une lourde menace sur les flancs de la 10° Pz Divizion. Le 11 mai, Von Kleist décide de séparer la 10° Pz Divizion pour faire face à la 3° DLC. Mais Guderian arrivera à le faire revenir sur sa décision, estimant qu’il serait alors impossible de réaliser le franchissement de la Meuse sans l’aide de cette unité. Entrant enfin en Belgique, les 11 et 12 mai sont consacrés au franchissement du massif des Ardennes. Il n’y a qu’une Division de Chasseurs Ardennais belge –appartenant au groupement K belge- et 3 régiment de cavalerie sur tout la frontière belgo-luxembourgeoise. Cependant, les unités belges vont effectuer une travail minutieux de destruction des voies de communication. Les éléments avancés français, appartenant à la 9° Armée rencontrent les allemands. Le rôle des DLC est de ralentir les Allemands, pour laisser le temps aux unités d’infanterie de s’installer défensivement. Les combats retardateurs se poursuivront jusqu’au 12 mai au soir. Cependant, les DLC étant pas faites pour participer à des combats contre des Panzer Divizions, elles devront retraiter derrière la Meuse. Le 12 mai au soir, le dispositif commence à arriver sur les bords de Meuse. 

 

 

Au sud : l’assaut des 1. 2. et 10. Panzer Divizionen.

 

La veille.

 

Après avoir franchis les Ardennes belges et bouleversé les troupes belges et françaises trouvées sur son chemin, le XIX Pz.A.K. sous les ordres de Guderian, et comprenant les 1. 2. et 10. Panzer Divizionen, arrive aux environs de la Meuse et Sedan, là ou doit se jouer la réussite du plan Von Manstein.

 

Guderian appréhende l’attaque des positions françaises sur la Meuse. Ils sont censés s’appuyer sur une série de bunkers, et les pertes risquent d’être importantes. La 2. Pz Div a prit du retard.

 

Guderian écrira, dans Panzer Leader :

« Je mentionnais ce fait, qui était d’une grande importance, étant donnée la faiblesse de nos forces d’attaque. Mais le general Von Kleist (dont Guderian dépend) ne modifia pas ses ordres et je fus bien forcé de reconnaître qu’il y avait avait probablement des avantages de foncer en avant immédiatement, sans attendre que toutes nos troupes soient prêtes. »

 

Von Kleist veut saturer les défenses françaises avec l’emploi massif des Stukas, et surtout l’artillerie, qui fait peser la plus grande menace sur le franchissement.

 

La 1. Pz Div, en conjugaison avec le régiment motorisé Grossdeutschland, doit fournir le principal effort. La nuit est mise à profit pour se préparer, sous le feu français :

« On profite de la nuit pour faire avancer les unités dans leurs positions de départ. Il importe avant tout de faire mettre en batterie qui ont traversé la Semoy pour venir renforcer la division en vue de l’attaque qui va commencer. Le régiment Grossdeutschland qui a été mis à notre disposition, , doit se porter à gauche. Le tir de harcèlement de la nuit, bien ajusté, ne ralentit pas de la nuit. Ceux qui n’ont pas l’ordre d’avancer s’enterrent. Nous remarquons que les Français connaissent chaque coin du terrain, comme on doit s’y attendre dans les avancées d’une ligne fortifiée. La situation n’a rien de réjouissant, des pertes inévitables se produisent, nous attendons tout patiemment l’ordre d’attaque. ».

 

Si les Allemands sont incertains, les Français sont encore plus dans le flou : le lieutenant-colonel de Liocourt est très inquiet.

 

La 55° DI monte pour prendre ses positions. Un Renault AGK TTN passe dans l’autre sens.

 

« Le 12 mai, la veille de l’attaque ennemie, le général a formulé au général commandant le CA, de façon nette et ferme, les expresses réserves au sujet des capacités de la résistance de la position, notamment en ce qui concerne la faible densité des troupes et les blockhaus inachevés, susceptibles d’être plus nuisibles qu’utiles. Contrairement à l’opinion du général commandant le CA, qui croyait à une sécurité complète pendant un mois, il a exprimé l’avis que l’ennemi attaquerai dès demain. ».  L’officier d’état major a des raisons légitimes d’être inquiet. Sa modeste division d’infanterie n’est pas en état de faire face à trois puissantes Pz Div et un régiment motorisé. Elle est sous équipée, et alors que les autres divisions d’infanterie possèdent au moins 54 canons anti-char de 25 mm, la 55° DI n’en possède que 40 ! Au manque flagrant de matériels adéquates, s’ajoute l’inaptitude de ses hommes et même de son état-major d’engager le combat dans de bonnes conditions ! Les hommes sont âgés, et les officiers sont des réservistes incompétents. Le général de la division, le général Lafontaine, qui a prit le commandement de cette unité six semaines auparavant fait un constat sévère :

« A)Valeur du personnel

a)Officiers : aucun n’avait fait de service d’état-major avant la guerre. Il a fallu tout leur apprendre. Les officiers d’active se sont mis au courant, ont fait face à une besogne écrasante et ont donné toute satisfaction. Les officiers de réserve étaient nuls  et n’avaient aucune valeur pratique. Ils n’ont rendu service qu’au bout de 3 à 4 mois et dans de toutes petites spécialités. Sous le feu, ils sont redevenus nuls et il était extrêmement difficile de les retrouver.

b)Troupes : les troupes du QG étaient mal encadrées et se sont mal comportées. Les secrétaires d’état-major ont fait ce qu’on leur demandait.

B)Matériel : à la mobilisation, il n’y avait qu’un matériel hétéroclite et notoirement insuffisant. Tout a dû être obtenu par débrouillage (en particulier effets et chaussures).

C)Travaux de fortifications : les bétonnages et les éléments de voie de 60 n’ont pu être obtenu que par débrouillage du génie divisionnaire. Les hommes ont beaucoup travaillé ; 20 grands bétons ont été construits  mais aucun n’était terminé ; il manquait l’armement spécial, les portes et les trémies ; lors de l’attaque, l’ennemi a tiré à travers les créneaux non aménagés  et a attaqué à la grenade par les brèches que constituaient les emplacements des portes (…)

H)La DI ne disposait que de 40 pièces antichars sur un front de 15 km ; elles constituaient un réseau linéaire et n’ont par la suite servi à rien (…). »

 

L’assaut

 

 

Guderian observant l’action des Stukas le 13 mai.

 

En ce 13 mai, le jour se lève. A 6h, environ 300 bombardiers, dont de nombreux Stukas commencent le pilonnage des positions françaises. Toute résistance doit s’enterrer, et surtout l’artillerie française, qui gène énormément les allemands, doit être détruite. Sous les attaques, des stukas, l’artillerie est en partie réduite et au silence, et son tir n’est plus continu.

 

Vétéran de la terrible bataille de Verdun en 1916, et habitué du Tommelfeuer, la préparation d’artillerie intense précédent chaque assaut vers les tranchées ennemies, le général Lafontaine note l’évolution. Si ces bombardements intensifs de la Première Guerre Mondiale pouvait rendre fous des hommes dans les tranchées, le tir d’artillerie était nettement moins effrayant. On ne voyait pas la mort venir, et l’obus qui tombait était nettement plus impersonnel. Les Stukas, eux, nouvelle arme, sèment la terreur : chacun se sent visé par l’avion qui pique et émet ce bruit strident. Celui qui se trouve sous le Stuka panique, pensant que la bombe va tomber sur lui. Pourtant, les mêmes hommes, 20 ans auparavant, du même age, supportaient les bombardements intenses dans les tranchées sans paniquer :

« L’aviation a eu un rôle déterminant sur le développement de la phase initiale de l’attaque allemande et de son développement ultérieur. Les hommes qui ont subit les bombardements ennemis étaient dans un état de dépression nerveuse extrême. », notera Lafontaine.

 

Les pertes sont les plus importantes dans les bunkers, alors en voie d’achèvement : ils ont été les cibles privilégiées ses Stukas. Les communications sont coupées entre les différents échelons de la division, les PC étant eux aussi bombardés.

 

Les bombardiers sont repartis. Comme 20 ans auparavant, ce sont aux hommes de monter à l’assaut, pour profiter de l’abrutissement du bombardement chez les français. Le Major Kieimansegg de la Heer témoigne :

« Tout de suite après les dernières bombes, encore dans la grêle des morceaux de terre qui retombent, les premiers radeaux pneumatiques accostent sur la rive adverse. Les fantassins, les motocyclistes et les hommes du régiment Grossdeutschland montent à l’assaut, franchissant dans un élan rapide les barrages avancés et encerclent les premières casemates.

 

Mais comme on en a fait l’expérience lors de la guerre mondiale de 1914-1918, même après une préparation d’artillerie durant des journées entières, on s’aperçoit, encore une fois, qu’il n’est pas possible d’abattre complètement l’adversaire par les seuls tirs de l’artillerie, qu’il s’agisse du tir « horizontal » de l’artillerie, ou du bombardement « vertical » par l’aviation. La résistance française reprend de plus belle, de nombreuses casemates se défendent désespérément, l’artillerie ennemie recommence à tirer, principalement sur les voies d’accès et sur l’emplacement du pont, où nous avons entre temps établi un service des portières et procéder à des reconnaissances pour la construction d’un nouveau  pont. Ces dernières reconnaissances n’avaient pas pu être faites plus tôt, pour la simple raison que l’ennemi avait, par ses tirs concentrés, anéantit les détachements de reconnaissance envoyés à cet effet. »

 

Les défenseurs français défendront avec acharnement leurs casemates,

Sans succès.

 

La 1. Pz Div réussit la ou les 2. et 10. Pz Div vont échouer. La 2. Pz Div est repoussée et si la 10. Pz Div a réussit à établir une petite tête de pont, ses pertes ont été lourdes et elle n’avance plus. 

 

Si la 2. Pz Div est repoussée à Donchery, chez les Français, on est dans le flou le plus total, en raison de la coupure des communications suite aux bombardements très violents. Dans son rapport, le lieutenant-colonel Lallemand de Liocourt, nous expose la situation du point de vue français :

« L’attaque se développe avec une intensité particulière entre 16 heures et 17 heures, avec apparition de chars ; cette action est appuyée avec une base feu constituée par 200 chars sur la rive droite de la Meuse, et par une préparation d’artillerie et d’aviation de plus en plus puissante. La ligne de résistance principale est submergée ; la ligne d’arrêt tiens cependant sauf au col de la Boulette. Des paniques se produisent dans les arrières.

 

Les Stukas auront joué leur rôle : les batteries d’artillerie doivent se replier.

Nombreux seront les cheveux s’emballant, terrorisés par les explosions.

 

Le PC de la DI est dans le bois, 1800 m au Sud de Bulson. La perplexité y est grande ; on ignore la ligne atteinte par l’ennemi et ce que tient encore la DI. On sait par contre que plusieurs batteries ont tout perdu ou une partie de matériel. »

 

Les troupes sont épuisées et des mouvements de paniques apparaissent à l’arrière et se transmettent d’unité en unité. Certains éléments du train refluent loin derrière le front. Il est évident que si la ligne d’arrêt tiens encore le 13 mai au soir, elle ne pourra pas supporter un nouvel assaut. Le 243° RI, tenu jusqu ‘ici en réserve monte et se place le long de la route Chemery-Maisoncelles. Evidemment, Guderian souhaite profiter au maximum de l’élan causé par la 1. Pz Div, et la 55° DI va en supporter tout le poids.

 

 

 

Le franchissement de la Meuse ne se fera pas toujours dans les termes héroïques décris par la propagande nazie…

 

Rejeter les Allemands à la Meuse ?

 

 

Le général du 10° Corps d’Armée connaît désormais la situation dramatique dans la soirée. L’ordre tombe à 21 heures. Les Français doivent contre-attaquer et détruire les têtes de pont allemandes, à 15 km du fleuve, sur une ligne partant de Chemery-sur-Bar et Villers-Maisoncelles.

 

Deux Bataillons de Char de Combat, les 4° et 7° BCC, tous deux équipés de chars légers FCM 36, appuyés des 205° et 213° Régiments d’infanterie sont désignés pour l’opération. Avant même le départ, la situation est des plus mauvaises : les unités ont du mal à monter en ligne en raison de l’encombrement des routes, pleines de civils et d’unités disloquées. On ne sait pas ou sont les batteries d’artillerie, et elles ne pourront pas supporter la contre-attaque, étant donné que l’on ne peut pas les joindre, et qu’elles ne connaissent pas les positions ennemies : les bombardements allemands ont porté leurs fruits, les Français sont totalement désorganisés.

 

Le 14 mai débute. L’attaque doit débuter avec l’avance des 213° RI et 7° BCC sur Chéhéry-Bulson. Le commandant du Régiment d’infanterie sait que sa mission n’aboutira pas. Il declare, avant de quitter le PC divisionnaire : «C’est une mission de sacrifice qu’on demande à mon régiment. Il la remplira ». Elle doit débuter à 5 heures, mais ne débutera qu’à 6h20 : « Plusieurs officiers, revolver au poing, ont dû frayer constamment le passage de leurs appareils au milieu des chevaux et des voitures de troupe se repliant dans le désordre. ».

 

La 3° compagnie rencontre des canons anti-char allemands. Ils endommagent 2 FCM 36, mais sans gravité. Deux PaK 36 sont détruits et l’avance continue, bien que l’infanterie tarde. Le reste des unités avance normalement. La ligne Chéhéry-Bulson atteinte, les unités continuent. La 3° compagnie arrive à Connage, et met en fuite l’infanterie allemande. Mais de nouveaux canons anti-char se présentent, et un char est perdu. L’infanterie ne suivant pas d’assez près les chars, ils doivent faire demi-tour pour aller les chercher ! A cette occasion, un FCM 36 s’embourbe et son personnel est capturé.

 

Tout à coup, la colonne tombe sur un Panzer III. Le FCM 36, char léger, est largement surclassé par cet engin, mais ils engagent le combat. Un FCM 36 s’approche jusqu'à 15 mètres, et ses 12 obus de rupture ne font rien à l’Allemand… De nouveaux panzers arrivent, et l’on assiste à une véritable bataille. Un Panzer est incendié. Mais un Panzer IV surgit, et met hors de service les FMC des sergent Le Tallec et Corbeil.

Le capitaine est aussi mis hors de combat : « Des quatre chars de tête, celui de commandement est le seul encore en état de tirer. Deux obus de rupture ont pénétré dans la chambre du personnel, mais par miracle, l’équipage est indemne. Le capitaine Mignotte prescrit à son mécanicien de faire demi-tour sur place, à la fois pour avoir une plus grande protection  en se couvrant de toute la masse du moteur pour être prêt à rompre méthodiquement un combat sans espoir. Le demi-tour vient à peine d’être achevé qu’un gros obus arrache la chenille gauche et déplace le char de plusieurs mètres. » Des 13 FCM 36 au départ, seuls 3 reviendront, dont un gravement endommagé.

 

Dans le dispositif Est, les 10 chars de la 2° compagnie s’emparent de Bulson. Avec un groupe de canons de 75 mm, ils mettent en fuite 6 chars allemands, dont un brûlera tout près du village. Le  char du lieutenant Leclair part à l’avant à leur poursuite. Les 9 autres suivent et le retrouvent en feu. Débute alors un cache-cache avec les Panzers, qui va durer plusieurs heures. Ces derniers se cachent dans la végétation, mais sont facilement alignés, leur antennes radio les signalant… Plusieurs Panzer III sont endommagés. Les Chars recoivent alors l’ordre de retraiter vers Artaise-le-Vivier. Mais sur le chemin du retour, les 9 chars sont interceptés par des panzers : seuls trois vont en ressortir.

 

Ce FCM 36 a été touché exactement de la même manière que celui du capitaine Mignotte.

 

Au milieu du dispositif, l’échec est aussi au rendez-vous : 9 chars sur 13 sont perdus, pour la perte de 2 panzers. La 1° compagnie retraite.

 

Les Propanda Kompanies sont passées photographier les FCM 36 perdus lors des combats de Bulson.

 

L’autre composante de la contre-attaque, les 305° RI et 4° BCC débute l’attaque a 9h, tellement il a été difficile de trouver les unités et de leur communiquer les ordres.

 

L’attaque de l’infanterie piétine, et se heurte à un régiment d’infanterie allemand. Si les allemands ont extrêmement de mal à avancer, les actions sont considérablement gênées par les cohues d’hommes survivants des bombardements. Le général Lafontaine doit mettre en place la 13° compagnie de pionniers pour les arrêter et les renvoyer au combat. L’un d’entre eux, le soldat Daumont raconte :

« Ils appartiennent aux 147° RIF, 295° et 331° RI. Ce ne sont plus des soldats, mais de véritables loques : ils ont peur, ils ont faim et soif. Les yeux leurs sortent de la tête : ils semblent ivres ou fous. La plupart ne consent qu’à s’arrêter que sous la menace du revolver. Ils ont quitté leurs positions, abandonnant les sacs, souvent les armes et les munitions, parce que, disent-ils, les officiers ont fui ou parce qu’ils en ont reçu l’ordre. Rares sont ceux qui parlent de leurs chefs avec émotion et respect. Tous gardent un souvenir hallucinant du bombardement aérien. ». Le 213° RI résiste toujours avec acharnement, mais doit entamer le repli avec le reste de la 55° DI, décidé par Lafontaine, avant qu’elle ne soit totalement anéantie.

 

Progression de Pz 38(t), après le franchissement de la Meuse.

 

 

Si les pertes ont été lourdes et si les objectifs n’ont pas été tous obtenus, l’action des chars a stoppé l’avance allemande et eux aussi n’ont pas pu atteindre leur objectifs. Cette journée du 14 mai permet à la 5° DLC et à la 3° DCR d’arriver sur place. Le major Kieimansegg de la 1. Pz Div témoigne :

« Là (au sud de la tête de pont), de furieuses contre-attaques françaises ont commencé. Nos sapeurs défendent péniblement, mais avec succès contre des forces blindées ennemies, le nœud important de Chémery, où la route s’infléchit vers l’ouest, en passant sur le pont encore intact du canal. La pointe de nos chars de combat se heurte, à Bulson, à des chars français qui attaquent. C’est le premier vrai combat de chars de cette guerre. Quelle en sera l’issue ? Après deux heures d’une lutte opiniâtre, les français évacuent le terrain, ayant perdu 20 chars.

Un régiment d’infanterie, le ---, auquel on faut interrompre son action sur une partie qui tient encore de la ligne principale de résistance sur la Meuse, arrive et continue sont action vers le sud, parvient, en engageant jusqu’à ses dernières forces, à avancer de 8 km en direction du sud, en dépit de contre-attaques françaises, mais n’atteint pas toutefois son véritable objectif, qui était l’ensemble des hauteurs de Stonne.

La possession de cette dernière est très importante : elle doit garantir le flanc du mouvement que nous projetons vers l’ouest, tandis  qu’aux mains des Français, elle représenterai justement une menace constante et considérable contre ce mouvement. Il n’est pas possible, même avec des éléments de reconnaissance, de pénétrer dans le bois du Mont-Dieu, au nor de Stonne, ni dans le bois de Raucourt, tant il y a de chars français. Le soir, le régiment, qui, en dehors des chars, a eu la plus lourde tâche de la journée sur le front  sud, s’établit défensivement vers les bois de Stonne. »

 

Au final, l’action des 1., 2. et 10. Pz Div aura porté ses fruits. La 55° DI française est totalement hors d’état, ayant perdu 90% de ses soldats et 70% de ses officiers. L’artillerie divisionnaire est elle aussi amputée de 65% de ses moyens. La 3° DIM monte pour prendre la succession de la 55° DI. Mais désormais, l’attaque allemand va porter son effort vers l’ouest, et non plus le sud.

 

 

Comme on peut le voir, l’assaut porté par les Pz Div allemandes ont réussit à franchir la Meuse en territoire français. Mais les autres composantes du Panzer Korps décisif doivent aussi franchir la Meuse, plus au Nord, en Belgique. Un franchissement qui se fera avec quelques difficultés et qui va profiter de la désorganisation française.

 

 

Au nord : l’assaut des 5. et 7. Panzer Divizionen

 

Les Français achèvent de s’installer

 

Trois divisions françaises viennent de s’installer sur la Meuse, au sud de Givet : les 18° et 22° DI, ainsi que la 5° DIM.

 

Le dispositif se décompose de telle manière :

Pour la 5° DIM, le 3° RI et deux groupes d’artillerie tiennent une ligne de Cave à Hun, au Nord. Au sud, le 129° RI tiens la ligne Hun-Anhée, avec aussi deux groupes d’artillerie. Le 39° RI (amputé de son II° bataillon) et deux groupes d’artillerie de la 4° DLC sont gardés en réserve. De nombreux guetteurs sont placés sur les bords du fleuve.

 

Pour faire la jonction entre la 5°DIM et la 18° DI, le deuxième bataillon du 39° RI, le II/39 est disposé sur les hauteurs. Cependant, tous les bataillons de la 18° DI ne sont pas encore arrivés, et le front n’est pas totalement couvert : de Granges à Bouvignes, deux bataillons du 66° RI prennent position. Près de Dinant, ce sont deux bataillons du 77° RI. Au sud, un bataillon du 125° RI, renforcé de quelques éléments du 5° RDP et 19° Dragons. Quasiment aucunes réserves ne sont disponibles, mis à part deux compagnies… Cependant, des débris de la 1° DLC qui avait eu à affronter seule les Pz Div sont présents : le 1° Chasseurs et des H 39 de sa brigade motorisée sont disponibles.

 

Un sergent de la 2° armée, aux aguets.

 

La faiblesse de leur moyens numériques ne se divulguent pas aux yeux des officiers, et ils savent qu’ils ne vont pas être en mesure de tenir très longtemps si des renforts n’arrivent pas au plus vite. La 1° DCR est encore trop loin.

 

Les 5. et 7. Pz Div tiennent l’autre rive et s’apprêtent à la franchir…

 

Premières tentatives

 

Le 13 mai au petit matin, débute le franchissement. Les Allemands n’ont pas d’autre choix que de franchir la Meuse au radeau, tous les ponts ayant sauté le 12 mai. Cependant, les Allemands de la 5. Pz Div vont profiter d’une des faiblesses du terrain : l’écluse de l’île de Houx.  Celle-ci n’a pas pu être détruite par le génie, tout simplement parce que sa destruction aurai abaissé le cours de la Meuse et ainsi créé des gués à plusieurs endroits ! Face à ce dilemme, les français ont préféré ne pas la faire sauter. C’est le II/39 qui a justement la garde de cette écluse.

 

A une heure du matin, le général Boucher de la 5°DIM est averti d’infiltrations allemandes ( de l’ Aufkl Abt.8) à l’écluse. A 6 heures, des fantassins de la 5° Pz Div venant juste d’apprendre l’existence du passage passent eux aussi. Les Allemands vont alors essayer de se ruer vers la brèche. Mais le jour se lève et le tir de l’artillerie française empêche l’accès à l’écluse et les FM déciment les troupes essayant de passer. Les pertes allemandes sont lourdes. Le Fledwebel Blunk du III./14 raconte :

 

Canon de 155 CS, du 248° Régiment d’Artillerie, dans le secteur de Sedan, en mai 1940.

 La 55° DI ne comportera que 12 canons de ce type, au lieu des 24 règlementaires.

 

« 8 h 00 : ordre de traverser la Meuse. Par groupes de cinq, les hommes se lancent en avant, laissant un espace de cent mètres entre eux et trouvant pour abris quelques secondes derrière le ruines de la maison de l’éclusier pour se protéger du tir de l’artillerie. Alors commence la traversée –isolée- du fleuve sur une passerelle d’un mètre de largeur et sous le tir des mitrailleuses ennemies venant de bunkers sur notre droite. Des morts gisent dans l’eau , des blessés s’agrippent fermement à l’écluse  (…) Le tir de l’artillerie française s’intensifie. Devant nous, la terre est comme labourée sur un carré de 200 m de côté. Le tir des mitrailleuses diminue. Les bunkers sont réduits par le tir de notre artillerie et de nos blindés.

 

Une batterie de 105 allemands se préparant pour bombarder les positions françaises sur Sedan.

Cette photographie montre bien que si les unités de rupture sont hautement motorisées, tout le

reste de le Heer est hippomobile.

 

10 h 00 : la compagnie a environ 10% de pertes mais a traversé la Meuse. ».

 

Le II/39 qui a mené ce combat coupé du reste de la 5° DIM tombe sous les assauts répétés de 3 Schutzens, devant Anhée. Le  1° groupement de reconnaissance motorisé de la 5° DIM rétablit la liaison avec la 18° DI, perdue avec la chute du II/39. La tête de pont allemande est très précaire en fin de journée car les unités française la bordant résistent, et il n’est pas encore possible de faire passer de blindés, tant qu’un pont suffisamment solide n’ai été construit. Les Allemands déplorent 24 tués dont 2 officiers, et 110 blessés, dont 11 officiers. Le II/39, lui, a été anéantit, et ses 1000 hommes sont pour la majorité faits prisonniers.

 

Au sud, la 7° Pz Div de Rommel essaye de franchir la Meuse face à la 18° DI. Le franchissement doit se faire par canot pneumatique, et les troupes allemandes sont exposées au feu nourri des Français se trouvant sur l’autre berge. Toutes les premières tentatives se soldent par des échecs, et les pertes sont lourdes. Rommel se rend sur place et décrit la situation :

 

Evacuation des blessés sur les bords de Meuse.

 

« Le 6° régiment de fusiliers était sur le point de passer en bateaux de caoutchouc sur l’autre rive ; mais il était arrêté par un feu nourri d’artillerie et très gêné par le tir d’armes portatives des troupes françaises établies dans les rochers de la rive ouest.

La situation, quand j’arrivais, n’avais donc rien de plaisant. Nos bateaux étaient donc détruits les uns après les autres par le feu flanquant des Français et la traversée ne s’effectuait plus. Les tireurs ennemis étaient si bien dissimulés que, même en les cherchant longuement à la jumelle, il était impossible de les découvrir. A plusieurs reprises, il dirigèrent leur feu sur le point où j’étais allongé avec mes compagnons, les commandants de la brigade de fusiliers et du bataillon du génie. »

 

Afin de permettre le franchissement, Rommel fait brûler des maisons dans la vallée pour enfumer les hauteurs françaises et faire progresser ses troupes en sécurité. En fin de soirée, la Pz Div de Rommel arrive enfin a mettre pied sur deux petits espaces, près de Bouvignes et Néfe. Mais aucun Panzer ne peut évidemment passer. Pendant la nuit un pont permettant aux Panzers I et II de passer est construit. Seulement 15 s’y trouvent le 14 mai. Ils ne seront pas d’un grand secours. Le lieutenant Zebel tente de faire passer son Panzer III sur ce pont, mais il bascule et noie tout son équipage. Les chars moyens et lourds devront attendre.

 

Rommel aura la judicieuse idée de faire incendier les maisons situées dans la vallée, afin de masquer le franchissement

De ses troupes sur la Meuse, afin de palier au manque de fumigènes.

 

 

Le franchissement du fleuve aura un prix : 60 tués dont 4 officiers et 222 blessés, dont 15 officiers.

 

La situation est très précaire, et ils peuvent être rejetés à l’eau à tout instant.

 

La contre-attaque ratée des Français.

 

Le 13 mai, dès 10 h 30, une réunion a lieu au PC de la 18°, en vue de monter une contre-attaque pour 18 h. Les bataillons I/39 et III/39 du 39° RI, appuyés par la 3° compagnie de R 35 du 6° BCC, et par l’artillerie du AD 18 doivent contre attaquer. Evidemment, dès que le colonel du 39° Régiment regagne ses troupes et part prendre position, il est prit sous le bombardement de Stukas et prend énormément de retard. Le colonel reporte l’attaque a 19 h puis 20 h. :

« A 20 heures, quelques éléments seulement des deux bataillons sont en place. Presque pas de mitrailleuses. Impossible de réaliser une base de feu homogène. Pas de munitions, en dehors de celles portées par les hommes.

Pourtant la préparation d’artillerie commence à 19h50 et, à 20h, les chars démarrent…Ils démarrent seuls, franchissent sans encombre la clairière profonde d’un kilomètre qui les sépare du bois de Surinvaux, y pénètrent, et n’y trouvent pour ainsi dire personne, et poussent alors, toujours en direction du nord est jusqu’à l’extrémité du plateau qui domine la Meuse, zigzaguant autour des points d’appuis ennemis. A la vue de chars, des éléments allemands qui tiennent la partie sud de la poche s’apprêtent à se rendre (leur effectif était à peu près d’un bataillon). Des hommes sortent de leur trou et lèvent les mains. Mais notre infanterie n’est pas là pour les cueillir et réoccuper les terrain.

 

Un char du 6° BCC photographié durant la Drôle de Guerre.

 

Finalement, la nuit étant complètement tombée, nos chars rentrent, l’un poussant devant lui sept prisonniers. On peut supposer qu’au retour, le commandant de la compagnie de chars a une explication avec le commandant de l’infanterie, en tout cas, il rend compte à la 18° DI ».

 

Ce succès complètement gâché par le fait que l’infanterie du 39° RI est totalement hallucinant. Le commandant des bataillons invoquera l’impréparation et les retards dus aux attaques aériennes.

 

Un succès pour rien.

 

 

Les Pz 38(t) doivent attendre que le génie ai fabriqué des ponts assez solides pour

Permettre le franchissement du fleuve pour des chars moyens. Il faudra attendre le 14 au soir.

 

Le 14 au matin, malgré la tentative avortée vu ci-dessus, la situation peut encore être sauvée pour les Français. Le 77° RI, au sud, retiens toujours la 7° Pz Div, et au nord, la 5° DIM reprend l’initiative. 

 

Les allemands de la 5° Pz Div s’ étant emparé de Haut-le-Wastia le 13 au soir, grâce à la tête de pont établie à partir de l’écluse et l’anéantissement du II/39, la 5° DIM prépare une contre-attaque pour le reprendre.

 

L’escadron Margot II/14° RDP, le bataillon II/129° et un peloton de motocyclistes, appuyés par les 3 AMR et 2 AM Panhard-Schneider du 1° GRDI doivent partir à l’assaut du village. Ne disposant pas d’artillerie, la base de feu se compose de pelotons de mitrailleuses, ainsi que de mortiers de 81 mm. Le journal de marche de la 4° DLC nous expose :

« A 5h30 du matin, le commandant de bataillon donne le signal de l’attaque. L’escadron Feuillatre, installé en base de feux, prend à partie avec ses mitrailleuses les lisières du village de Haut-le-Wastia. Les mortiers de 81 dirigent leur tir sur le carrefour de l’église.

Quelques instants après, dans un magnifique élan et sous le feu de l’ennemi qui réagit violemment, l’escadron Margot déployé en tirailleurs se porte à l’assaut. A sa gauche, l’escadron AMR/moto déborde le village par le nord, et ses 5 voitures de vieux modèle, dirigées personnellement par le lieutenant Gagnier, pénètre dans le village, prenant l’adversaire à revers.

 

Un vielle automitrailleuse Panhard Kégresse P 16 du même type de celles qui contre attaqueront à haut-le-Wastia.

La présence de matériels anciens, comme les P 16 montre bien le peu d’importance accordé au front de la Meuse. Entrée

En service en 1929, la P 16 est un engin semi-chenillé et doté d’un canon de 37 mm ainsi que d’une mitrailleuse coaxiale.

 

Au sud, par contre, sur le front du 2° bataillon du 129° RI, personne ne bouge et n’avancera pendant l’attaque.

Le commandant de Longueaun dépassant l’escadron Feuillatre, se porte sur le village, suivit de son peloton de commandement. Plusieurs clôtures de fil de fer sont franchies (…). La situation de l’escadron Margot est alors difficile. En effet, les armes automatiques ennemies  qui occupent la partie sud du village face au 129° RI n’étant pas inquiétées, prennent de flanc le bataillon. D’autre part, des éléments ennemis embusqués dans les maisons se défendent à bout portant.

C’est à ce moment que le lieutenant Cherière, adjoint au commandant de bataillon, magnifique officier, tombe mortellement blessé d’une balle au ventre. Quelques instants après, ce sera le tour du sous-lieutenant de Laitre, de l’escadron Margot, et de nombreux hommes.

Le commandant de Longueau donne au lieutenant Margot l’ordre de nettoyer la partie nord du village avec son escadron et prescrit à l’escadron Feuillatre de se porter à son tour en avant du carrefour de l’Eglise. L’occupation du village a lieu maison par maison. Les voitures Panhard tirent au canon de 37 à travers les fenêtres (…). La progression se poursuit ainsi jusqu’à la place de l’Eglise et aux maisons qui bordent cette place, dominant le ravin qui borde le village à l’est.

A ce moment l’ennemi lâche pied et se replie en désordre, abandonnant ses armes. Les mitrailleurs du peloton Sauvebeuf s’emparent des mitraillettes ennemies et, tirant par les fenêtres des maisons occupées, prennent à partie les éléments qui refluent dans le ravin à l’est. C’est ainsi qu’une arme anti-char ennemie que ses servants essayent de pousser jusqu’au village, est clouée au sol et abandonnée.

Cependant l’escadron Margot  poursuit le nettoyage systématique de la partie nord du village : 46 prisonniers, appartenant au 13° Fusiliers de la 7° Panzerdivision et un officier, pris par le lieutenant Margot en personne, sont amenés au commandant du bataillon. »

 

Les prisonniers allemands défilent sous l’objectif du photographe français.

 

Ces hommes ont été envoyés par Rommel sur la tête de pont de la 5. Pz Div pour effectuer une jonction avec celles de la 7. Pz Div, le long de la Meuse.

 

Mais la situation générale de la 18° division force l’évacuation du village, après un ordre reçu à 9 heures…

 

La rupture du front

 

Le 14, la 18° DI est usée. Elle a du supporter l’effort principal des allemands, et même si les 77° et 66° RI ont contenu les allemands, ils ne peuvent combler la rupture du front du reste de la 18° DI. Le commandant de Gouvello témoigne :

« Le 77 et le 125 sont écartelés et se replient par morceaux  en combattant, les fantassins mêlés aux cavaliers et aux artilleurs. A un moment donné, le colonel du 77 rendra compte  qu’il est seul à la station  d’Onhaye avec trois officiers et quelques hommes. Le colonel du 125, de son côté, fait savoir qu’il a du reporter ton PC à Anthée.

De toutes parts, l’on apprend que la ligne de combat est trouée, en dépit de l’action des chars qui foncent par petits groupes ou même isolément et de l’artillerie qui tire à bout portant. La ligne reflue, s’accrochant au passage à l ‘échelon  de résistance Sosoyes-Anthée. Mais l’on sent que l’ensemble se disloque, sous les poussées répétées de l’ennemi.

Au dessus de nous, l’aviation allemande qui continue à avoir beau jeu – aucun avion français ou allié n’a encore été vu – s’en donne à cœur joie. Très rapidement, par l’AD (artillerie divisionnaire), nous avons su que l’artillerie est hors jeu. Beaucoup de chevaux tués par les bombes, les survivants cassant leur traits  et filant dans la campagne, affolés. Les artilleurs font sauter les pièces qu’ils ne peuvent emmener et font ensuite le coup de feu avec les fantassins. C’est ainsi que sera blessé le colonel Benedetti, commandant du 19° RA, se défendant à coups de mousqueton devant son PC avec ceux qui l’entourent. ».

 

Le franchissement de la Meuse ne pourra s’effectuer pour des engins tels que les stuG que lorsque

La zonz aura été totalement sécurisée.

 

 

La 1° DCR doit arriver pour colmater la brèche, le 15 au matin, appuyé par la 4° DINA. Mais la situation sera tellement mauvaise, que tout colmatage sera impossible… Ainsi, les 1°, 2°, 3° DCR seront engagées au fur et a mesure jusqu’à la fin mai, et seront disloquées, car mal employées. Seule la 4° DCR, commandée par le tout nouveau général de Gaulle effrayera les allemands, mais ne pourra en rien bouleverser le cours des évènements seule…

 

Force est de constater que le plan Allemand a parfaitement fonctionné, étant donné leur écrasante supériorité : 5 Pz Div plus des régiments d’infanterie mécanisé à l’assaut de 3 divisions d’infanterie, dont deux seront anéanties : les 18° et 55° DI. Seule la 5° DIM , unité motorisée, pourra survivre. L’omniprésence de la Luftwaffe dans le ciel des Ardennes a été tout aussi déterminant, pouvant mettre un terme à la menace que représentait l’artillerie française, connaissant bien le terrain. Deux choses expliquent ceci : l’Armée de l’Air et la RAF concentrent tous leurs efforts sur le nord de la Belgique, et l’extrême faiblesse des moyens de DCA dans ces unités de seconde zone.

 

Le GQG ne prendra vraiment conscience que l’effort principal fournit par les Allemands est à Sedan que le 14 mai. Les Allemands auront alors pu établir des têtes de ponts assez solides avant tout contre-attaque.

 

Toutes ces occasions manquées, comme celle du 6° BCC sur la tête de pont de la 7. Pz Div, dues à la désorganisation ou à l’incompétence de certains officiers ne doit pas cacher le fait que des unités aussi faibles comme les 18° ou 55° DI ont étonnement bien résisté face à 5 Pz Div d’élite, et ce, malgré ce qui ai pu être dit après coup, par des personnes ne s’étant informé que par certaines sources, et servant des fins politiques, comme au procès de Riom en 1942.

 

 

 

Présentation  des types d’unités :

 

Alliés :

 

           Division de Chasseurs Ardennais : La seule unité belge dans le secteur. Composée de 3 régiments de Chasseurs Ardennais à pied, 3 régiments de cavalerie, d’un bataillon de motocyclistes, et d’un régiment de cyclistes. Ne possédant que 8 chars T 13, dotés d’un excellent canon anti-char de 47 mm, et trop étirée sur la frontière, elle retardera néanmoins l’avance allemands par le jeu de destructions. 1 DCA est disponible au 10 mai 1940. (Belge)

 

           DLC (Division Légère de Cavalerie) : Les DLC sont des Divisions de prise de contact, essentiellement faite pour s’opposer à l’infanterie ennemie. Elle se compose d’une brigade motorisée ( 12 chars H 35 ou H 39, 12 voitures de reconnaissance AMD 178 et 20 tankette AMR 35) composée d’un Régiment d ‘Automitrailleuses et un Régiment de Dragons Portés. Une brigade de cavalerie compose le reste de la division, composée de deux régiments à cheval. Ces unités d’actives, et dotée de matériels peu usés. 5 DLC sont disponibles au 10 mai 1940. (Française)

 

           DLM (Division Légère Mécanique) : Les DLM sont elles de taille à affronter les Panzer Divizionen. Comprenant 220 chars (140 H 39 et 80 S-35) et 40 automitrailleuses AMD 178, et supportées par trois bataillons de fusiliers. Essentiellement unités d’actives, bien entraînées et possédant un matériel de bonne qualité, elle sauront s’opposer, même seules, à plusieurs Panzer Divizionen. 3 DLM sont disponibles au 10 mai 1940, une 4° DLM sera disponible pour Juillet 1940. (Française)

 

           DCR (Division Cuirassée de Réserve) : Les DCR ont été crées durant la Drôle de Guerre afin d’organiser des concentration blindées permettant d’intervenir dans les secteurs les plus menacés, et colmater les brèches. Souvent comparées aux Panzer Divizionen, les DCR n’ont seulement qu’une fonction défensive. Comprenant Une demi-brigade lourde (66 B1 bis), une demi-brigade légère (88 H 39), d’un bataillon de Chasseurs Portés. La 4° DCR obtiendra un Régiment de découverte , avec 40 AMD 178, mais elle sera la seule. La faiblesse des DCR réside dans leur manque d’infanterie. 3 DCR seront disponibles au 10 mai 1940, et la 4° sera engagée avec des effectifs accrus fin mai. (Française)

 

           BCC (Bataillon de Char de Combat) : Les BCC sont des unités indépendantes, pouvant être affectées à des unités selon les besoins. Ils sont composés de 45 chars (3 compagnies de 13 chars, et 6 chars de remplacement), de type différent selon le BCC (B1 bis, R 35, H 39, FCM 36…). (Française)

 

           GRDI (Groupe de Reconnaissance de Division d’Infanterie) : Les GRDI composent les unités motorisées de reconnaissance de chaque DI française. Dans les DI normales, les GRDI sont de la taille d’un bataillon, doté de H 35 et d’AMR 35. Dans les DIM (motorisées), les GRDI sont plus puissants, de la taille d’un régiment. (Française)

 

Allemand :

 

           Panzer Divizion : Les Pz Div sont très bien adaptées à la tactique du Blitzkrieg. Leur dotation peut varier du simple au double, selon la date de création des unités : les Pz Div créés avant guerre seront mieux dotées que les autres. Les 1. , 2. et 10. Pz Div qui franchiront la Meuse au Sud, seront toutes composées de 2 Panzer Regiments (environ 170 chars légers type Pz I, Pz II et 90 char moyens et lourds type Pz III, Pz 38(t), Pz IV), 1 Schutz Brigade et un sIG Kp., et un Aufkl. Abt de reconnaissance. Les autres Panzer Divizionen seront moins dotées en chars. 7 Pz Div seront disponibles au 10 mai 1940. (Allemande)

 

           ID (.mot) (Infanterie Divizion (motoriziert) : Les ID (.mot) diffèrent des ID, qui sont totalement hippomobiles, par leur complète motorisation. Elles sont composées de 3 Regiments d’infanterie et d’un groupe de reconnaissance, doté de 12 SdKfz 232 et de 36 SdKfz 221/222. (Allemande)